L’alimentation est un facteur clé
dans l’engraissement des taurillons. En effet, une bonne
gestion de l’alimentation permet
d’améliorer la productivité et le rendement, à savoir obtenir
des animaux de poids suffisant
pour l’abattage le plus rapidement possible, tout en limitant au
maximum certaines pathologies
rencontrées en élevage intensif, notamment l’acidose
ruminale.
La composante alimentaire en
élevage comporte différents aspects à prendre en compte.
On retrouve tout d’abord la
composition de la ration qui doit être adaptée aux besoins des
animaux, mais aussi le mode et la
fréquence de distribution des aliments.
Enfin, il ne faut pas oublier la composante
comportementale et hiérarchique au sein des lots, qui influe sur la prise alimentaire
des animaux, avec un accès limité à l’auge de certains animaux lorsqu’une compétition
alimentaire trop importante existe au sein de ces lots.
Influence
de la composition de la ration
Les animaux sont nourris de
manière intensive tout au long de la période d’engraissement,
avec la distribution de
concentrés ou d’autres aliments très énergétiques (ensilage de maïs par
exemple).
Les quantités distribuées sont telles que les
animaux sont nourris à volonté (en général une distribution quotidienne), En plus du tri, le comportement alimentaire
est fortement lié à la quantité de fibres présentesdans la ration.
En effet, des aliments riches en fibres vont
nécessiter une mastication plus importante, ce qui augmente la durée d’ingestion
des aliments ainsi que la durée de la rumination .
La présence de fibres dans
l’alimentation des ruminants est donc à l’origine de manipulations orales plus
importantes des aliments, de par la mastication et la rumination.
Ces manipulations doivent être
suffisamment longues pour satisfaire le comportement naturel du bovin.
L’alimentation des taurillons à
l’engraissement comporte en général une grande quantité de
concentrés et une quantité de
fourrages assez faible afin d’optimiser le GMQ des animaux.
Ceci implique donc une diminution
du temps d’ingestion et de rumination.
Ce type d’alimentation va perturber le
comportement alimentaire, mais aussi la capacité de digestion ruminale. En
effet, l’apport de concentrés en grande quantité va être à l’origine d’acidose ruminale
par la libération de grandes quantités d’acides gras volatiles par la flore
ruminale.
Devant ces considérations, il est
recommandé d’apporter un minimum de fibres dans la ration
(un minimum de 10% de fibres
longues par rapport au total de matière sèche de la ration.
Il est préconisé que la ration
demande à l’animal au moins trente minutes de mastication pour l’ingestion d’un
kilogramme de matière sèche, et au minimum soixante mastications pour un bol
mérycique.
De plus, les fibres ajoutées à la
ration doivent mesurer plus de cinq millimètres de long et être assez rigides
pour stimuler suffisamment la motricité ruminale .
D’autre part, il semble que la
concentration énergétique de la ration a une influence sur le
comportement social des animaux.
Au final, la composition de la
ration est essentielle pour assurer le bien être et la bonne santé
des taurillons à l’engraissement.
Celle-ci doit être équilibrée afin de
satisfaire les besoins des animaux, tout en respectant certaines conditions
nécessaires à une bonne digestion, à savoir une teneur en fibres suffisante.
Malgré un objectif de croissance optimale, une
ration trop énergétique aura des effets néfastes aussi bien sur la santé, avec
des problèmes digestifs, que sur le comportement, avec une augmentation de
l’agressivité et des comportements agonistiques entre individus.
L’utilisation de graines de lin
dans la composition des rations est actuellement testée.
La graine de lin permet un apport élevé en
lipides, et plus particulièrement en acides gras oméga3 et en acide alpha linoléique.
D’autre part, les acides gras
omégas 3 favorisent le maintient d’un statut immunitaire correct
des animaux de par leurs
propriétés anti-inflammatoires.
Une alimentation à base de graine
de lin riche en oméga 3 permet donc de limiter le développement de pathologies
(notamment respiratoires) lors de la mise en lots au début de l’engraissement,
période à risque de par les mélanges d’animaux d’origines différentes et le
stress important subit par les animaux.
Enfin, l’ajout de graisses à la
ration de fin d’engraissement, permet d’augmenter l’ingestion de matière sèche
et le GMQ.
Cette augmentation de GMQ est d’autant plus
marquée avec l’utilisation de graines de lin extrudées par rapport à des
graines entières, la disponibilité des nutriments se trouvant alors augmentée.
D’autre part, les muscles des bovins nourris
avec des graines de lin contiennent une quantité d’acide alpha linoléique plus
importante, à mettre en relation avec une augmentation de la quantité de
graisse intramusculaire chez ces animaux
Au final, l’apport de graines de
lin dans la ration des bovins à l’engraissement permet
d’augmenter les performances des
animaux en augmentant le gain de poids quotidien et en
limitant certaines pathologies,
mais aussi en permettant d’augmenter la qualité des carcasses
avec une meilleure teneur en
graisses intramusculaires.
Influence
de la fréquence de distribution et de la quantité de l’aliment distribué
Une fréquence élevée de
distribution de l’aliment favoriserait un bon niveau d’ingestion. D’autre part,
il a été montré qu’une distribution biquotidienne permettrait d’obtenir des
conditions ruminales plus stables avec une diminution des écarts de variation
quotidienne de pH .
Une distribution fréquente des concentrés
permettrait donc de mieux répartir l’ingestion sur la journée, et donc de
limiter les risques d’acidose.
Il est important de choisir un mode de
distribution (heure fixe ou variable) et de s’y tenir.
Il est possible de modifier
quotidiennement l’heure de distribution de l’aliment, les animaux vont alors
s’adapter à cette irrégularité.
Par contre si la distribution se
fait à heure fixe, il faudra s’y tenir, car tout changement sera à l’origine de
modifications du comportement, aussi bien du point de vue alimentaire que non
alimentaire, avec par exemple, une diminution du temps de couchage, pourtant
nécessaire à la rumination.
En engraissement, le régime ad
libitum est souvent utilisé, afin d’optimiser la croissance des
animaux.
Mais outre ces questions de productivité, la
quantité d’aliment distribué joue aussi un rôle dans le bien être des animaux.
Cette distribution ad libitum influe sur le comportement
alimentaire des bovins. En effet,
elle va permettre une gestion de l’ingestion plus naturelle par
les animaux puisqu’ils
choisissent d’eux même la fréquence des repas, ainsi que de la quantité
ingérée à chaque repas.
D’autre part, l’aliment sera
disponible en permanence, ce qui permettra d’éviter l’apparition
de stéréotypies comme cela peut
être le cas lorsque les animaux sont soumis à une restriction
alimentaire .
influence
de la compétition alimentaire à l’auge
Lorsque l’alimentation ou le
nombre de places à l’auge sont restreints, une compétition
Alimentaire se met en place entre les animaux du lot, avec
une augmentation de l’agressivité.
Ainsi, le rythme alimentaire des
dominées se voit décalé
dans le temps, alors que les
dominantes peuvent manger aux moments préférentiels,
notamment après la traite.
D’autre part, la compétition entraine une
diminution de la durée moyenne des repas, alors que leur fréquence se voit
augmentée.
Les animaux s’adaptent à cette situation dans
laquelle le temps d’ingestion est diminué, en augmentant leur vitesse d’ingestion
alimentaire afin de pouvoir conserver au final une quantité d’aliment ingéré suffisante.
Ces perturbations du comportement
alimentaire sont à l’origine d’une atteinte du bien être des animaux et
modifient le comportement général des animaux, avec notamment une augmentation
du temps passé debout. Une ingestion rapide d’aliment très énergétique sera
aussi responsable d’une forte
libération d’acides gras volatiles et d’une diminution plus
marquée du pH ruminal,
aboutissant à une acidose.
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